La direction des systèmes d’information (DSI) est crucial pour mener à bien la transformation digitale, anticiper les besoins du marché, la fiabilité et la sécurité des systèmes d’information. Mais comment accompagner le développement sans passer par une révision de nos architectures et de nos process ?
Déployer une nouvelle architecture digital-data
C’est la question que se pose le groupe SR Conseil qui a décidé de recruter un nouveau DSI. Les entretiens avec un ancien directeur informatique de KPMG, ouvrent de nouvelles perspectives. D’une vision opérationnelle se dessine une vision stratégique à 360° sur les systèmes d’information et la gestion des données. C’est un véritable accompagnement au changement que la nouvelle recrue vient proposer aux dirigeants de SR Conseil. Passer d’une vision centre de coûts à une unité business génératrice de valeur, socle de toutes les transitions.
Dans un premier temps, il faut réaliser un audit de l’organisation du groupe SR Conseil afin d’identifier les axes d’évolution. L’objectif de cet audit est également de réfléchir à monétiser et valoriser de nouvelles offres de services auprès des clients. Il a amené le groupe SR Conseil à réfléchir à une nouvelle stratégie de gouvernance et à déployer la méthode projet à grande échelle. Pour ce faire, il faut faire parler les métiers avec la technologie. Autrement dit, récupérer l’information terrain et la traduire en langage informatique. Une digitale workplace va supporter cette démarche ; un pôle office manager est quant à lui dédié au suivi de l’ensemble des projets déployés. Cette nouvelle chefferie de projet clarifie le suivi de l’avancement des projets : les ressources allouées à chaque projet, la maîtrise des coûts.
Rester souverain de ses données
L’autre grand intérêt de cette démarche est de permettre des retours d’expérience plus amples : pourquoi la finalité d’un projet évolue au cours de son déploiement ? Est-ce que toutes les parties prenantes du projet sont bien informées de son avancement ? Enfin, un référentiel des compétences présentes en interne est répertorié, afin d’identifier quand il est nécessaire d’aller chercher de nouvelles compétences en externe. Cette stratégie permet au groupe SR Conseil de constituer un référentiel de données important : la question de la constitution d’un datalake est posée. Pas de datalake sans une base d’organisation structurée. Autre difficulté pour créer un datalake : l’origine des données. En effet, celles-ci sont souvent multifactorielles, c’est-à-dire issues de plusieurs logiciels et, souvent, non qualifiées.
L’hébergement de la donnée est jugé critique Le Groupe investit alors dans des serveurs pour éviter que les données soient détenues par les éditeurs en mode SAAS. En cas de changement de logiciel, SR Conseil restera propriétaire souverain de ses données. Cela représente un coût supplémentaire, mais permet de pouvoir raffiner la donnée sereinement.
Un chantier passionnant
Une fois ces étapes réalisées, le travail sur le raffinage de la donnée a pu commencer. Les données arrivent brutes et il n’est pas toujours évident d’appréhender leur potentiel immédiatement. Mais, en exploitant une donnée, son utilisation devient de plus en plus claire. L’objectif de ce travail est d’arriver à identifier les données à exploiter pour créer de nouvelles offres. Si une partie du travail a déjà été effectué, toutes les offres n’ont pas encore été identifiées.
Data : rendre la vue aux clients
Récupérer les factures, les analyser et produire des comptes. Tel est le cœur du métier. Exponens veut aller plus loin et utiliser les données pour accompagner ses clients dans la compréhension de leur activité. Ils déploient pour cela un outil de data visualisation. Il s’agit dans un premier temps d’accompagner les clients tout au long de l’année et pas uniquement au moment de la clôture.
Le chantier commence par un travail d’identification des données pertinentes et de leur accessibilité. Pas de difficulté de ce côté : MyUnisoft est leur outil de production, il permet nativement d’exporter les données par des dump de base intégrale. L’accès simplifié à l’exhaustivité des écritures comptables a pesé dans le choix de l’éditeur. Un outil de facturation et un autre de gestion interne viennent compléter cette suite logicielle dernière génération. Deuxième étape : automatiser au maximum les écritures. Ce qui permet à Exponens de fournir des indicateurs tout au long de l’année à leurs clients.
Thierry Legrand, Directeur Général d’Exponens, insiste, « même si la donnée n’est pas 100 % raffinée, 100 % qualifiée, elle permet au client d’avoir accès à l’information dont il a besoin en direct ». Son tableau de bord est constitué d’indicateurs simples qui peuvent être enrichis grâce à des développements spécifiques.
Une approche neuroscientifique
Deux data analystes travaillent ensuite sur la fiabilité et la sécurité des données. La data visualisation requiert le développement d’algorithmes pour une visualisation optimale. Si Power BI remplit plusieurs des critères de visualisation des données, il n’est pas jugé à la hauteur sur les aspects sécuritaires. L’autre inconvénient de Power BI est qu’il nécessite son installation chez l’ensemble des clients d’Exponens. Le choix se porte finalement sur Toucan Toco, seul outil de dataviz à avoir réfléchi à la perception des données par l’œil humain. Ses fondateurs ont travaillé avec des neuroscientifiques pour garantir le mieux possible leur proposition de valeur. L’hébergement des données est géré et sécurisé par l’éditeur, les utilisateurs n’ont accès qu’aux informations qui leur sont autorisées.
Aujourd’hui, Exponens utilise la data visualisation sur l’ensemble de son portefeuille clients pour leur permettre une vision au jour le jour de leur activité. Tous les clients ont accès à leur chiffre d’affaires, la répartition de leurs charges, leur trésorerie et leur résultat brut. Les données qui permettent d’alimenter les tableaux de bord ne sont pas parfaites, car non raffinées. Mais elles assurent aux clients un suivi de leur activité. Il est possible d’ajouter, à ses informations de bases, des modules complémentaires. Comme la gestion des comptes clients et fournisseurs, les informations salariales ou bien les immobilisations et investissements. Travailler avec des données qui ne sont pas complètement raffinées a permis à Exponens de créer un service particulièrement utile à leurs clients et de les embarquer dans l’ère de la data.
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Se projeter vers la facture électronique
En analysant son chiffre d’affaires, l’entreprise Endrix pose le constat suivant : 62 % proviennent de l’expertise-comptable traditionnelle. La moyenne nationale étant, selon Xerfi de 74 %. En partant de ce résultat, Endrix veut mettre en exergue la composition exacte de son portefeuille clients et ainsi mieux les connaître. L’ambition est de réadapter leurs offres à leurs besoins. Il ressort de cette analyse qu’une grande partie de leur clientèle est constituée de TPE. 85 % du chiffre d’affaires d’expertise est généré par une activité de gestion et de traitement administratifs.
L’arrivée prochaine de la facture électronique va avoir pour conséquence l’automatisation des traitements des flux et des déclarations de TVA. L’impact sur le chiffre d’affaires d’Endrix est considérable. Autre conséquence de l’automatisation des déclarations de TVA : la perte d’un point de contact entre les experts-comptables et leurs clients. À quels moments voit-on les clients ? Pour quels motifs ? Qui s’en charge ? C’est toute l’expérience client qui est à revisiter.
Pour amoindrir l’impact économique de la facture électronique, Endrix imagine quels pourraient être les modèles économiques de demain. Le modèle entreprise conseil est celui qui est préféré par Endrix parmis les différents scénarios. Les experts-comptables y sont toujours mobilisés dans leur rôle de contrôle et d’analyse. À titre d’exemple, dans un modèle imaginé par EY, le conseil représenterait demain 75 % du chiffre d’affaires des entreprises de comptabilité. Or les TPE, fortement représentées chez Endrix, réagissent faiblement aux offres-conseils ; elles sont davantage attirées vers les « offres solutions ».
Offre 100 % conseil
Pour garder la maîtrise du destin de la donnée, Endrix se tourne vers l’amont de la production. Le projet est de faire glisser son chiffre d’affaires « tenue » vers l’organisation et la digitalisation de la gestion des flux de données. La posture sera 100 % conseil pour conserver la position de leader de l’organisation des systèmes d’information de gestion. Ce qui évite de devoir payer pour accéder à une donnée à laquelle on avait précédemment accès ! En conservant la main sur la donnée, Endrix va pouvoir constituer une base de données, les analyser et produire de la valeur client. Analyser une activité par exemple par secteur d’activité, taille de l’entreprise et zone géographique. Pour concevoir et produire ces nouvelles offres orientées data et contrôle de gestion, le besoin de nouvelles compétences s’accentue. La valeur ajoutée d’Endrix se fera sur la restitution d’indicateurs financiers, d’indicateurs de gestion, de trésorerie.
Endrix estime qu’une analyse sera pertinente si le volume de dossiers traités est conséquent. Idéalement, il faudra pouvoir connaître les données de 15 à 20 % des 3 millions d’entreprises françaises. Ce constat sans appel conduit à la conclusion suivante : seul, impossible d’avancer. Endrix impulse un projet de datalake, par la mise en relation avec plusieurs investisseurs et éditeurs qui travaillent sur un projet similaire. L’un des plus avancés sur le sujet est déjà en possession de 220 000 dossiers, mais cela reste insuffisant. Il faut encore grossir pour parvenir à une taille critique !
À la rentrée 2023, le projet IMPULSE DATA est lancé. Il s’appuie sur une technologie FULL, à la fois datalake et pdp, et rassemble plusieurs opérateurs de grande taille. On suivra avec intérêt cette opération ambitieuse et porteuse de transitions.